Les approches de valorisation "économique" du bilan imposent une évaluation de la valeur des flux d'actif et de passif "cohérente avec le marché", ce qui conduit à utiliser des générateurs de scénarios économiques risque neutre, sujet souvent abordé dans ce blog (par exemple ici).
Dès lors, le choix du modèle de taux cosntitue un élément clé d'un tel générateur. La capacité du modèle à bien représenter les prix de dérivés de taux constitue un critère de respect de la cohérence avec les valeurs de marché. Mais lorsque l'on examine les choix de modèle effectués en finance de marché, on s'aperçoit qu'il n'existe pas de modèle pertinent pour l'ensemble des produits de taux et que le modèle est choisi et calibré en fonction de la nature du produit ; on utilise ainsi des modèles différents pour les caps, les swaptions ou encore les CMS. Le modèle est choisi et calibré pour représenter au mieux les prix de l'instrument pour lequel il est utilisé, sans prétendre représenter correctement les prix d'autres instruments de structure différente.
Appliquer cette démarche dans le contexte du calcul de provisions best estimate pour des contrats d'épargne en € impliquerait donc a priori de disposer de prix des options de revalorisation et de rachat conjoncturel, informations qui n'existent pas et le calcul est donc mené dans un cadre mark-to-model sans données observables directes. Il faut alors se tourner vers des données de substitution et utiliser des prix observables de produits de taux dont on peut raisonnablement penser qu'ils se comportent comme les options à valoriser.
Ce choix comporte une part d'arbitraire importante et cette observation vient renforcer le caractère normatif d'un calcul de best estimate déjà évoqué dans ce billet. En d'autres termes, en l'absence de contraintes sur les modèles fixées par le régulateur, les latitudes de choix sont importantes et décider de la pertinence (ou non) d'un modèle ne peut reposer que sur des critères de théorie financière.